Information de l’Agence France presse à jérusalem, vendredi 2 avril 2004.
Sharon fait planer la menace de l’élimination d’Arafat, heurts à Al-Aqsa
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a laissé planer vendredi la menace d’une élimination physique du dirigeant palestinien Yasser Arafat, tandis que la police israélienne a fait irruption sur l’esplanade des Mosquées.
Les forces de l’ordre israéliennes ont assiégé durant une heure la Mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’Islam, après des jets de pierres de jeunes Palestiniens.
Les policiers ont tiré des grenades lacrymogènes, des grenades à souffle et des billes caoutchoutées sur des jeunes retranchés dans la mosquée, faisant une vingtaine des blessés parmi ces derniers, selon des témoins et des sources médicales. Une quinzaine de Palestiniens ont également été arrêtés.
Les forces de police déployées autour de l’esplanade des Mosquées, sur laquelle se dressent la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, ont dans un premier temps bloqué les entrées, tirant à travers les fenêtres, puis se sont retirées à quelques dizaines de mètres, laissant sortir les fidèles.
"Les incidents ont commencé lorsque des centaines de jeunes ont jeté des pierres et se sont ensuite réfugiés dans la mosquée pour s’en servir de sanctuaire", a pour sa part déclaré le porte-parole de la police israélienne, Gil Kleiman.
La direction palestinienne a qualifié dans un communiqué l’action de la police israélienne de "grave escalade de la part du gouvernement de Sharon".
"Cela s’incrit dans le cadre d’un plan criminel visant à mettre la main sur la mosquée Al-Aqsa conformément aux objectifs des Fidèles du mont du Temple (un groupuscule israélien d’extrême droite) qui oeuvrent ouvertement pour la destruction de la mosquée afin de bâtir le prétendu temple (juif) à sa place", a affirmé la direction palestinienne.
Un haut responsable du mouvement radical Hamas, Ismaïl Haniyé, a pour sa part affirmé à Gaza que l’irruption de la police israélienne sur l’esplanade constituait "une escalade dans la politique israélienne visant à porter atteinte à la mosquée et aux vies palestiniennes".
Dans la bande de Gaza, un Palestinien a été tué lors d’une incursion de l’armée israélienne à Rafah (sud). Un autre Palestinien a trouvé la mort lors d’affrontements à Bethléem (Cisjordanie), ont indiqué des sources médicales et des témoins.
Ces décès ont porté à 3.888 le nombre de tués depuis le début de l’Intifada fin septembre 2000, dont 2.922 Palestiniens et 897 Israéliens.
A propos de Yasser Arafat, M. Sharon a affirmé que le Président de l’Autorité palestinienne "n’avait aucune assurance" sur la vie, n’excluant pas son élimination, dans plusieurs interviews vendredi à la presse israélienne.
"Je ne proposerais à aucune compagnie d’assurance de l’assurer" sur sa vie, a déclaré M. Sharon au quotidien Haaretz. "Quiconque tue un juif ou frappe un citoyen israélien ou envoie quelqu’un tuer des juifs est un homme dont le sang retombera sur la tête", autrement dit qui sera responsable de sa propre mort, a ajouté M. Sharon.
L’Autorité palestinienne a fustigé ces propos. "C’est une menace sérieuse et grave qui vise à torpiller le processus de paix", a déclaré Nabil Abou Roudeina, le principal conseiller de M. Arafat.
Côté israélien, les commentateurs des radios estimaient plutôt que ces propos étaient à usage interne, pour complaire à la base de son parti, le Likoud, avant un référendum du parti sur le plan de M. Sharon d’un retrait de Gaza.
Le chef d’état-major, le général Moshé Yaalon, avait déjà laissé entendre le 23 mars que M. Arafat et le leader du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah pourraient à leur tour être assassinés, au lendemain de la mort du chef spirituel du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, victime d’un raid d’hélicoptères israéliens.
Dans la bande de Gaza, un activiste de l’aile militaire du Hamas a promis vendredi lors d’un rassemblement que le groupe détruirait la Knesset, le parlement israélien, pour venger son chef.